207EME ESCADRON DE LA ROYAL AIR FORCE: HISTOIRE

Association du 207ème escadron de la RAF
Visite à Neaufles-Saint-Martin
et Sérifontaine , 9-12 juillet 2004

« Quand tu reviendras à la maison, parle-leur de nous et dis-leur,
Pour votre demain, nous avons donné notre aujourd’hui »

Inscription dans un cimitière britannique de la guerre 39-45

ST LEU D’ESSERENT – HISTOIRE DES BOMBARDEMENTS
Par Raymond Glynne-Owen

Le 13 juin 1944, les Allemands commencèrent Arme V, leur offensive longtemps attendue sur Londres et d’autres villes anglaises, lançant plus de 3000 des V1 pendant les 5 semaines suivantes. En réponse à cette menace, les forces aériennes alliées, pendant le printemps et l’été 1944, menèrent de nombreux raids contre l’organisation de transport et d’approvisionnement allemand.

Initialement, les Allemands avaient construit d’importants sites comprenant des bâtiments d’assemblage et de stockage des V1 ainsi que des rampes de lancement. Après que ceux-ci furent repérés et bombardés par les Alliés, des sites plus petits composés de simples rampes et de quelques bâtiments furent établis.

Les Allemands choisirent trois lieux en France pour ces dépôts centraux: Nucourt, Rilly-la-Montagne et St-Leu-d’Esserent. Ces installations souterraines furent rapidement repérées comme étant très importantes et furent placées en tête de liste des cibles prioritaires à bombarder.

LES RAIDS DU «RAF BOMBER COMMAND» SUR ST-LEU-D’ESSERENT

Après le premièr raid lancé par le 8ème USAAF en juin 1944, 4 attaques supplémentaires furent menées par la RAF pour priver les Allemands de la possiblité d’utiliser les caves.

Le premier raid de la RAF eut lieu le 4 juillet 1944

Le premier raid de la RAF eut lieu le 4 juillet 1944 quand 17 avions Lancaster du 617ème escadron, avec un Mosquito et un Mustang en soutien, attaquèrent en plein jour. Six avions remportèrent leur bombes Tallboy à la base quand les cibles se trouvèrent dissimulées par la fumée mais aucun avion ne fut perdu.

Le deuxième raid fut mené pendant la nuit du 4 au 5 juillet 1944

Le deuxième raid fut mené pendant la nuit du 4 au 5 juillet 1944 quand une attaque fut lancée avec 246 avions, principalement des Lancaster du Groupe 5 et des avions éclaireurs du Groupe 6. Le 207ème escadron contribuat à hauteur de 15 avions qui decollèrent de Spilsby juste avant minuit. Le bombardement fut précis mais 13 avions, dont 2 du 207ème escadron, furent perdus quand ils furent interceptés par des avions de chasse allemands:

LM125/EM-G (P/O John Horsburgh Wilson)

S’écrasa à Halby près d’Apremont, pas loin de Vineuil-St-Firmin, à 5km de Creil (Oise). Les 7 hommes d’équipage furent tués et ils sont enterrés à Creil.

Tombés au combat
P/O John Horsburgh Wilson F/Sgt Charles Morton Firth
Sgt Jeffrey Matthews Sgt Cyril Stapleton
F/Sgt Henry George West
Sgt Albert Derrick Roper
Sgt Clement Arthur Hallett

ND570/EM-Z (F/Sgt John Williams Gibbs)

S’écrasa à Abbeville (Somme). Six hommes de l’équipage furent tués, cinq d’entre eux n’ont pas de sépulture connue et sont commemorés au Mémorial des Forces Aeriennes à Runnymede. Un homme de l’équipage est enterré à Abbeville et un, Sgt Edward Ross Inglis RCAF, fut fait prisonnier.

Tombés au combat
F/Sgt John Williams Gibbs F/Sgt Desmond Rimmer Croker
Sgt Robert John Norman Sgt Donald William Rawson
Sgt Norman Leslie Wood Sgt John Francis Patrick Edwards

Le troisième raid eut lieu dans la nuit du 7 au 8 juillet 1944

Le troisième raid eut lieu dans la nuit du 7 au 8 juillet 1944 quand 221 avions, principalement des Lancaster du Groupe 5 mais aussi des avions éclaireurs, lancèrent une attaque de nuit; 16 avions Lancaster du 207ème escadron décollèrent de Spilsby juste après minuit. Le bombardement fut dirigé avec précision sur les tunnels et les routes d’accès. Des avions de chasse allemands infligèrent de lourdes pertes – 31 avions manquèrent au retour dont 5 du 207ème escadron:

ND866/EM-B (F/O Michael Nicholson Milner)

S’écrasa entre Bézu-St-Eloi et Neaufles-St-Martin, à 6 kilomètres au nord-ouest de Gisors (Eure). Six hommes d’équipage furent tués: cinq sont enterrés à Neaufles-St-Martin et Sgt Beresford Matthew Jacques est enterré à Bézu. Sgt Alexander James McPherson fut fait prisonnier et l’Association 207 a tenté en vain de retrouver la trace de M. McPherson à la demande du comité de commémoration de Neaufles-St-Martin mais nous savons maintenant qu’il est mort après la guerre. Nous venons juste de prendre contact avec la famille Jacques qui aurait aimé pouvoir venir.

Tombés au combat
F/O Michael Nicholson Milner Sgt Beresford Matthew Jacques
F/Sgt John Miller Sgt Edward William Palmer
Sgt Ronald Charles Collings Sgt Arthur Courtney Barrett

ME805/EM-J (F/O Mike Alderton)

S’écrasa près de Wambez, à 20 kilomètres de Beauvais (Oise). 5 membres de l’équipage evitèrent la capture et 2 furent fait prisonniers. Trois membres de cet équipage devinrent membres de l’association : Bill Clowes est mort en 1991 ; Mike Alderton et Ernie Hay furent heureux de se retrouver à la réunion de Telford en 1994 pour le première fois depuis que leur avion fut abattu, et Ernie vient juste de retrouver la trace d’Alfred Fagan, l’opérateur radio.

LM218/EM-N (P/O Kenneth Arthur Boyce)

S’écrasa à Haudricout à 5 kilomètres au sud-ouest d’Aumale (Seine Maritime). Cinq membre d’équipage furent tués et sont enterrés à Haudricourt. Deux evitèrent la capture : Alan Nichol, qui est mort en 1991, et John Robert Parkinson, qui est membre de l’association.

Tombés au combat
P/O Kenneth Arthur Boyce Sgt Albert Laurie Sayers
Sgt Joseph Fear F/Sgt Allan Cameron Sutherland
F/Sgt Philip Newbould Smith

ND567/EM-V (F/O Trevor John Hordley)

S’écrasa à l’ouest de Sancourt, à 30 kilomètres de Beauvais (Oise). Cinq membres d’équipage furent tués et sont enterrés à Marissel, près de Beauvais. Sgt William Raymond ‘Mac’ Brown réussit à s’évader et George Baker, qui devint plus tard membre de l’Association, fut fait prisonnier. Molly Baker est un membre «friend». Nous venons juste de prendre contact avec la famille Hordley, qui, comme la famille Jacques, aurait aimé prendre part à cette visite. Trevor avait rejoint l’escadron après son marriage et ne vit jamais sa fille.

Tombés au combat
F/O Trevor John Hordley Sgt Alan John Holmes
Sgt Fred Booth Sgt Gerald Douglas Cooper
P/O Hugh Thomas Blakeley Burgess RCAF

LM129/EM-Y (F/O Charles Edward Stamp)

S’écrasa à Hérouville près d’Auvers-sur-Oise (Seine-et-Oise) – voir Auvers-sur-Oise.

En plus des 5 équipages qui ne revinrent pas, il y eut un mort supplementaire. Sgt John Butterworth, mid-upper gunner du LL902/EM-A (F/O Eric Oakes) fut tué lors d’une attaque par deux chasseurs de nuit et est enterré au Manchester Southern Cemetery ; l’avion revint sans encombre avec le reste de l’equipage, dont 2 anciens membres de l’association : George Chesworth et Derek Brundle (oncle du commentateur TV de sport automobile Martin Brundle).

En conséquence des raids du 4-5 et du 7-8 juillet, 92 membres d’équipages abattus au total se retrouvèrent en fuite dans le nord de la France dont 52 réussirent à s’échapper.

Le quatrième raid, le dernier et le plus important, fut une attaque de jour le 5 aout 1944.

Le quatrième raid, le dernier et le plus important, fut une attaque de jour le 5 aout 1944. Elle fut menée par 742 avions, dont 15 avions Lancaster du 207ème escadron qui décollèrent de Spilsby à 11h00. Les conditions du bombardement furent bonnes et seul un avion fut perdu. Tous les avions du 207ème revinrent sans encombres.

LE RÉSULTAT DES ATTAQUES

Avant les raids de la RAF, plus de 70% de tous les V1 étaient assemblés a St Leu. Le poids et le nombre des attaques sur le site et la vive résistance rencontrée reflète l’importance de la cible. Le coût pour Bomber Command fut lourd avec 45 avions et équipages perdus. Bien que la RAF crut que les installations de St Leu avaient été totalement détruites, en fait, seul le niveau supérieur fut touché. Cependant, l’accès aux caves étaient bloqué, enterrant un grand nombre de V1 et la route d’accès et la ligne de chemin de fer avaient été sérieusement endommagées.

Ainsi l’objectif d’empêcher les Allemands d’utiliser le site avait été atteint. Bientôt, l’avancée des forces alliées mit fin à l’occupation de la région par les Allemands.

Après la guerre, l’armée française réouvrit et dégagea les caves, qui, bien qu’elles soient revenues à une utilisation plus pacifique, montrent encore les signes de leur utilisation pendant la guerre.

50 ANS APRÈS - LA VISITE DE 1994

Extraits du rapport de feu AVM David Dick, Président de l’association du 207ème escadron RAF

Organisé par Peter Phelps – lui-même abattu le 8 juillet à bord de LM129/EM-Y (F/O Stamp) lors d’un des raids sur St-Leu – et par Claude le Roux, un de nos membres honoraires, notre groupe de 47 personnes de l’association incluait 8 survivants de ces raids : Mike Alderton, George Baker, Derek Brundle, George Chesworth, Peter Curd, Peter Phelps, Bob Webb et Ron Winton (un neuvième, Ernie Hay, eut un empêchement de dernière minute). Parmi nous se trouvaient aussi deux des frères du Sgt Collings, l’opérateur radio de ND866/EM-B (F/O Milner) qui s’écrasa près de Neaufles-St-Martin et un cadet du 207ème (Cranfield) escadron ATC. Nos hôtes principaux étaient le maire et les citoyens de Neaufles-St-Martin où cinq des membres d’équipage de F/O Milner sont enterrés.

Le samedi 9 juillet s’annonçait un jour très long ; sous les nuages, il ne faisait pas trop chaud. Nous avions quitté notre hôtel à 8 heures 30 pour Neaufles-St-Martin, à 6 kilomètres de là, où les cérémonies commencèrent avec une parade d’étandards dont celui du RAFA pour la région. Nous avons ensuite assisté à un émouvant service religieux et avons déposé nos couronnes sur les tombes du 207ème escadron dans le cimetière de l’église. Non loin de là, nous avons déposé une couronne sur la tombe du Sgt Jacques, l’opérateur radio du F/O Milner.

Nous avons assisté à l’inauguration près de Neaufles-St-Martin, à l’endroit précis où ND866/EM-B s’écrasa, d’un splendide mémorial à l’équipage Milner, pour lequel l’association contribua d’une pierre des armoiries de l’escadron.

A Courcelles-lès-Gisors, nous avons déposé des couronnes sur les tombes de 4 membres d’un équipage Halifax du 76ème escadron de Holme-on-Spalding Moor, descendu lors de l’attaque du 16 juillet 1944 sur Nucourt. Il s’agissait de Halifax MZ524 MP-P (F/O HM Steward) : les survivants de l’équipage avaient été faits prisonniers.

[Dans le village de Noyers, nous avons assisté au dévoilement d’une plaque en l’honneur d’une dame très remarquable, Mme Majo Perdereau, dont le mari fut tué en 1940. Elle était l’institutrice du village et un membre clé du mouvement de résistance local.

Pendant 1943-1944, elle cachat 22 aviateurs alliés dans sa maison en attendant qu’ils soient passés le long de la ligne de front vers Paris. Il y eut un moment très émouvant quand, immédiatement après la cérémonie officielle, Peter Phelps découvrit, parmi ceux qui nous avaient accompagnés à Courcelle-lès-Gisors, deux aviateurs du 76ème escadron qui avaient trouvé refuge chez Mme Perdereau. Ils s’avancèrent pour la prendre dans leurs bras. Pour l’un, c’était la première fois depuis 50 ans. Pour montrer notre reconnaissance, nous avons offert à Mme Perdereau un certificat encadré avec des médaillons commemoratifs; elle nous fit, plus tard, l’honneur d’accepter de devenir membre honoraire de l’association.]

La suite de la journée fut occupée par un vin d’honneur à Neaufles, un repos qui nous parut très bref et un inoubliable diner à la mairie de Neaufles, qui dura fort avant dans la nuit.

Dimanche matin fut de nouveau ensoleillé. Nous avons visité le cimetière national de Marissel dans la ville de Beauvais. George Baker, ingénieur de vol du F/O Hordley à bord de ND567/EM-V, déposa une gerbe sur la tombe du pilote et nous rendimes tous hommage aux quatre membres de l’équipage enterrés là. Une gerbe fut aussi déposée pour l’équipage du F/O HR Briggs (ME678/EM-N) perdu dans la nuit du 9 au 10 juin 1944 au-dessus d’Etampes.

Nous avons été bouleversé par la chaleur de l’accueil qui nous a été reservé et par l’amitié et la généreuse hospitalité de nos hôtes, qui se sont coupés en quatre pour nous. Nous étions fatigués aussi bien physiquement par le programme que par l’intensité des émotions ; profondément reconnaissant pour la chance de pouvoir rendre hommage à nos camarades tombés et à ceux qui, au péril de leur vie, s’étaient occupés d’eux dans l’adversité ; et enthousiasmé par les amitiés et les liens formés que nous nous devons d’entretenir.

Lors de la commémoration de 1994, le maire de Neaufles-Saint-Martin de l’époque, Arnaud de Claviere, nous avait dit ceci dans son discours d’inauguration du mémorial à l’équipage du F/O Milner :

« Ceux qui ont parlé avant moi ont tout dit des circonstances et des raisons premières de cette commémoration. Je veux juste ajouter que, si de jeunes gens ont offert de donner leur vie pour nous assurer que nous puissions vivre dans la liberté, nous ne devons pas nous contenter de perpétuer leur mémoire.

C ‘est notre responsabilité, dans la vie de tous les jours, de renforcer et développer la liberté qu’ils nous ont rendue pour que nos enfants et petits-enfants n’aient plus de nouveau, un jour, à payer un tribut si lourd pour la retrouver.

Que ce monument de pierre, un symbole de solidité, de durabilité, nous rappelle pour très longtemps les sacrifices héroïques de ceux qui nous ont rendu la liberté. Qu’il soit le témoignage de notre gratitude et de notre désir de faire durer cette liberté. »

AUVERS-SUR-OISE
LM129/EM-Y (F/O Charles Edward Stamp)

S’écrasa à Hérouville près d’Auvers-sur-Oise (Seine-et-Oise). Trois des membres de l’équipage furent tués et sont enterrés au cimetière d’Auvers-sur-Oise (qui est aussi le dernier lieu de repos du peintre Vincent Van Gogh et de son frère Théo).

F/O Arthur Eric James Gilby échappa à la capture et trois hommes furent faits prisonniers (les deux membres de l’association Jack Fisher et Peter Phelps, et le Sgt Ken Ward).

Tombés au combat
F/O Charles Edward Stamp Sgt John Marwood Sgt Richard Gerard Seddon

Le 14 juillet1944, à l'instigation de la Résistance locale, des Auversois organisèrent une cérémonie pour fleurir les tombes des 3 aviateurs alliés et mirent en place un panneau sur lequel étaient peints les drapeaux français, britannique, américain et russe et inscrit la mention : « Honneur aux morts pour la patrie ».

Ces faits furent denoncés à la kommandatur d' Enghien-les-Bains et les allemands le 19 juillet 1944 arrêtèrent le personnel communal puis des habitants. Cinq Auversois - Jean Bouet, Gaston Chatelain, Jules H Héron, Secrétaire de la mairie d'Auvers, Fernand Jaclain, appariteur de la commune et Lieutenant du réseau de Résistance Vengeance du Groupe France Combattante et Maurice Lachoque, lieutenant du Corps des Sapeurs-Pompiers qui avait revêtu son uniforme - furent transférés à la prison militaire du Cherche-Midi à Paris avant d'être séparément deportés à Dora, Buchenwald, Nordhausen et les deux derniers de la liste à Elbrich.

Aucun ne revint vivant.

 

Préparé par FW Haslam, Association du 207ème Escadron de la RAF. Traduction par M Pascal Boucle, un collègue dans son bureau Taylor Nelson Sofres.

L’association est très reconnaissant envers nos hôtes de Neaufles-Saint-Martin, Sérifontaine et Auvers-sur-Oise qui ont fait tant d’efforts pour nous accueillir et rendre notre visite si agréable.

Liens

Tour photographique de St Leu d'Esserent http://www.titan06.free.fr/photos/60/v1/index.htm notez les erreurs dans l'inscription - la construction des V1 n'était pas principalement à Peenemünde et l'assemblement des V1 à St Leu a commencé en 1944, pas en 1943; le bombardement de Londres avec les V1 a commencé en juin 1944, pas en juin 1943.
Commune de St Leu d'Esserent
https://www.saintleudesserent.fr/

version 11/7/2004: updated 18 Nov 17